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France

Revirement d'un accusé qui avoue le meurtre du convoyeur de la Brink's
AFP | 09.11.04 | 19h33

Le deuxième jour du procès des auteurs présumés du braquage sanglant de la Brink's en 1999 à Bordeaux a connu un véritable coup de théâtre mardi, quand un des trois principaux accusés a endossé le meurtre du convoyeur lors du hold-up et disculpé deux braqueurs récidivistes jugés en même temps que lui.Jusque-là, Christophe Mene, 37 ans, avait toujours nié toute implication dans le braquage."Je suis coupable des faits dont on m'accuse", a-t-il déclaré mardi matin d'une voix claire devant la cour d'assises de la Gironde. Miloud "Bounaghla et Roland Birou n'ont rien à voir dans cette affaire", a-t-il ajouté en se tournant vers les deux hommes que l'enquête de police désigne comme ses deux comparses lors du hold-up mené à l'arme lourde devant une banque du centre de Bordeaux.Pour expliquer son revirement, Christophe Mene a simplement invoqué "des raisons personnelles" et a dit parler "par rapport aux deux personnes dans le box", Miloud Bounaghla et Roland Birou.Mardi, l'enquêtrice de personnalité a dressé de lui le portrait d'un jeune homme qui "fuit dans la délinquance avec des faits toujours plus graves".Pour expliquer son passage à la délinquance, il répond: "je suis parti à l'aventure sans rien contrôler" et assure que s'il a "tué un homme, il n'y en aura pas d'autre".Cette affirmation a fait réagir les parties civiles. Au premier rang, Fernando Segovia secoue la tête, lui qui ne peut oublier la fusillade dans laquelle il a été blessé tandis que son collègue convoyeur Jean-Luc Lutard, 29 ans, était abattu d'un coup de fusil en pleine tête.La mère de ce dernier semble à bout de force, abasourdie par ces révélations inattendues. Jusqu'à présent, seuls quatre des sept accusés avaient reconnu leur rôle, secondaire, dans le hold-up.Les aveux de Christophe Mene ont occulté l'examen des personnalités des six autres accusés, en particulier celle de Birou et Bounaghla, qui nient farouchement les faits.Roland Birou ne cesse de marteler qu'il n'a "rien à faire dans ce box", pour cette affaire, lui qui a été condamné pour plusieurs vols avec arme et plus récemment pour un trafic de stupéfiant.Dernier né d'une famille de cinq enfants dominée par un père autoritaire, sadique et alcoolique, il a basculé à 17 ans dans la délinquance en essayant de faire évader son frère Gérard, aujourd'hui encore assis à ses côtés dans le box des accusés."J'ai passé 14 ans en prison, j'ai toujours lors de mes procès reconnu les faits, vous pouvez vérifier. J'ai payé ma dette à la société", assure Roland Birou.Quand l'avocat général remarque qu'il n'a jamais travaillé durant ses périodes de liberté, il s'emporte: "Je suis directeur de société j'ai passé quatre ans à développer mon produit, si vous croyez que c'est rien!".Même attitude pour Miloud Bounaghla qui a persisté lui aussi à nier. Mardi, il a expliqué au tribunal comment d'une pratique sportive de haut niveau, la boxe, il avait glissé vers le milieu de la nuit, puis vers le milieu tout court, lors de sa jeunesse à Aix-en-Provence.Demain et vendredi, les jurés entendront de nombreux témoins pour retracer l'histoire des sept accusés. Les faits seront abordés à partir de lundi prochain, le verdict est attendu pour le vendredi 19 novembre.